Un système céréalier économe en bio
Dans l’Aude, Denis Juin a diversifié son assolement, tout en allégeant le travail du sol et en limitant les intrants.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« En conventionnel, j’alternais blé dur et tournesol. En bio, j’ai allongé la rotation. Après une luzerne, j’enchaîne un tournesol, un blé, des pois chiches ou des lentilles, puis à nouveau un blé et enfin un tournesol semé en même temps qu’une luzerne. Je profite ainsi à chaque fois des apports d’azote d’une légumineuse avant la culture suivante », explique Denis Juin, céréalier sur 55 hectares à Fanjeaux dans l’Aude.
Au-delà du bio, son objectif est de supprimer au maximum les intrants, tout en allégeant le travail du sol. « Je laboure moins souvent, et j’utilise une charrue déchaumeuse équipée de petits socs qui retournent le sol sur 5 à 10 cm, au lieu de 20 à 30 cm auparavant. La puissance nécessaire est moindre, ce qui réduit la consommation de gas-oil de 23 à 15 l/h. Et je fais trois hectares par heure au lieu d’un seul ».
Lorsqu’il y a trop d’adventices dans un blé, il y sème en mars un couvert de luzerne qu’il laisse en place après la moisson. « Dans ce cas, avant de semer le tournesol au printemps suivant, je laboure pour bien détruire la luzerne, puis je passe un cultivateur », précise Denis Juin. Avant les pois chiches et les lentilles, semés dans l’hiver, il n’implante pas de couvert et affine simplement le sol avec un déchaumeur à disques. Après les pois chiches, il passe aussi ces disques, puis un cultivateur si nécessaire avant de semer un blé. « S’il y a trop de débris végétaux, je les enfouis par un labour afin de faciliter ensuite le travail de la herse étrille. »
Épuiser les chardons
En conventionnel, Denis était déjà équipé d’une bineuse. « Il y a deux ans, j’ai investi 12 000 € dans un auto-guidage par caméra. Je peux ainsi rouler plus vite, tout en passant plus près des tournesols ». Il a complété avec une herse étrille, utilisée après la levée des autres cultures, et une houe rotative qui prend le relais une fois les jeunes plants bien enracinés. Il utilise également une écimeuse pour contrer les adventices qui montent au-dessus des cultures basses comme les pois chiches ou les lentilles. Cet écimage freine les chardons, qu’il contient aussi en les broyant en même temps que les engrais verts (voir encadré). « J’arrive ainsi peu à peu à les épuiser », observe-t-il.
L’azote est fourni aux céréales et aux tournesols par les légumineuses en précédent. En complément, Denis apporte uniquement du fumier composté issu de son atelier de volailles. « J’en épands 12 t/ha en octobre, en priorité avant blé dur. J’obtiens ainsi 12 à 14 % de protéines suivant les années », précise-t-il. Avec l’allégement du travail du sol et les apports d’engrais verts, il observe davantage de vers de terre. Principalement argilo-calcaires, ses sols sont bien pourvus en magnésium, phosphore et potasse, et contiennent aujourd’hui 1,8 % de matière organique. « L’été, il y a moins de crevasses dues à la sécheresse ».
Moins d’heures de tracteur
Une partie du matériel, charrue déchaumeuse, écimeuse et moissonneuse, est en Cuma afin de réduire les coûts. « Nous envisageons d’acheter ensemble un trieur optique, afin de mieux valoriser la lentille, le lin ou la cameline ». En bio, Denis n’achète plus ni engrais ni produits de traitements mais uniquement des semences, ce qui allège ses charges. « Cela réduit en même temps le nombre de passages et donc de gas-oil consommé », note-t-il.
Avec son tracteur de 120 ch, il ne fait plus que 300 h/an au lieu de 400 h/an. Ces heures libérées, il les consacre à ses volailles ainsi qu’à une prestation de service chez un voisin dont il entretient le parc. « J’ai ainsi des tâches variées chaque semaine. Tout en partageant les risques climatiques, j’arrive à dégager un revenu suffisant malgré ma petite surface. Et lorsque je prendrai ma retraite, celle-ci sera plus facile à transmettre à un repreneur », apprécie-t-il.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :